Walk the line.
C’était dimanche. Ethan venait de se réveiller avec la gueule de bois. Il avait de nouveau trop bu la veille, les nains tapaient dans sa tête.  Etonnamment, aucune fille ne partageait son lit. Il s’assit tranquillement sur le bord du lit et bâilla en s’étirant. Il se gratta les yeux. Il avait beau finir dans cet état quasiment tous les week-ends, il n’arrivait pas à s’habituer. Il a certainement du mélanger. Il enleva son caleçon de la veille et nu comme un ver, alla à la salle de bain prendre une aspirine qu’il avala vite fait bien et fait et se glissa sous la douche. Le contact de l’eau chaude sur sa peau lui fit du bien. Il devait se décrasser. Enlever l’alcool qui collait à sa peau dû à sa transpiration. Il se savonna plusieurs fois, se rinça et sortit. Il retourna de nouveau nu comme un ver dans sa chambre et s’habilla. Il mit pour l’occasion un jeans avec une ceinture, un t-shirt tout simple noir. Il alla dans son salon et s’alluma une cigarette, qu’il fuma tranquillement assis sur son fauteuil, espérant que son mal de tête allait vite passer. N’ayant pas de patiente, il alla reprendre une autre aspirine, tant pis s’il ne respectait pas le délai entre deux comprimés, ça n’allait de toute façon pas le tuer. En tout cas l’espérait-il. Pendant un petit instant il repensa à sa journée de travail d’hier et le pourquoi il était sorti boire autant. Bon, ce n’était pas vraiment à cause du travail, vu qu’il le fait tout le temps, mais là, ça n’avait pas aidé. Il avait dû autopsier une jeune fille d’environ 5 ans. Ça l’avait rendu fou quand il avait remarqué que les bleus qu’elle avait sur son petit corps venaient du fait des coups portés par ses parents. Il en avait informé la police et espérait qu’ils allaient faire tout leur possible pour les condamner. Ethan regarda dehors et vit qu’il faisait un temps magnifique. Au diable son mal de tête, il voulait sortir. Il enfila ses converses et sa veste en cuir et ferma sa porte à clé.

Il prit sa voiture, une Chevrolet Impala noire et partit direction le centre-ville. Il se gara dès qu’il trouva une place et se dirigea nonchalamment vers le parc de Mephis, une main dans la poche et l’autre tenant une cigarette, son plus grand vice, autre que l’alcool. Concernant celui-ci, il était encore en train d’en faire les frais maintenant, son mal de tête ne s’étant toujours pas calmé. Arrivé au parc, il alla le plus loin possible des familles avant enfant. Ils ne les supportaient pas. Ils passaient leur temps à courir partout, entre les jambes de tout le monde, de crier et de pleurer. Vu son état il n’était pas capable de le supporter sans en empoigner un. Il se rapprocha du lac et se coucha directement à même l’herbe, c’était beaucoup plus confortable que de s’assoir sur ses bancs en bois. Il mit ses lunettes de soleil pour protéger ses yeux et ferma les yeux, allongé là dans l’herbe.

Walk the line.
Dimanche. Nul doute sur l’horaire de l’avant-midi. Car le dimanche c’était la messe. Rosy n’avait jamais réellement apprécié le temps passé dans une église et pourtant elle n’avait pas le choix. Elle mit alors ses plus beaux habits. Une longue robe qui lui arrivait à la cheville d’un beau bleu pâle, puis bien entendu un chapeau, blanc cette fois-ci et elle était prête. La famille de sa tante n’habitait pas bien loin du lieu de prière, mais ils avaient tout de même décidé d’utiliser la voiture. Ils furent donc arrivés en quelques minutes seulement. Puis Rosy prit place à côté de son cousin, qui ne semblait pas avoir envie d’entretenir une conversation avec elle. Son attention se porta alors sur les différents vitraux qui ornaient les fenêtres de la paroisse. Puis une voix rauque se fit entendre, celle du curé visiblement et la messe commença. Rosy ne put s’empêcher de dire que c’était encore et toujours la même chose. Mais elle ne pouvait nier que cela l’aidait à se changer les esprits.

Lorsque la messe fut terminée, Rosy sortit rapidement de l’endroit afin de prendre un peu d’air frais. Elle n’était pas claustrophobe la petite, mais elle aimait bien sentir le grand air, qui lui procurait une sorte de liberté enfantine à laquelle elle s’accrochait depuis de nombreuses années. Elle entendit son prénom au loin, d’une voix qu’elle reconnaissait bien, celle de sa tante. Elle se retourna alors, afin d’assimiler les paroles qui lui étaient destiné, avant d’en comprendre le sens. Ils partaient. « Je ne rentre pas avec vous, je vais prendre une marche. » Cette décision ne sembla pas trop choquer sa tante, qui continua simplement son chemin, suivi de près par son mari et ses enfants. C’était ça la liberté. À ce moment-là, il n’y avait qu’un seul endroit qui lui faisait envie : le parc. Elle prit donc ce chemin qu’elle connaissait maintenant très bien d’un pas étrangement assez enjoué. Il faut dire que le quartier quel habitait n’était pas à côté de ce magnifique parc qui lui rappelait un peu celui qu’elle côtoyait enfant, mais cela ne l’empêchait pas de s’y rendre malgré tout. Quelques temps plus tard elle voyait les enfants courir les uns après les autres alors que leurs parents gardaient attentivement un œil sur ceux-ci. Elle s’approcha alors d’une dame qu’elle était presque certaine d’avoir croisé à la paroisse un peu plus tôt et lui demanda calmement : « Vous n’auriez pas du feu par tout hasard ? » Vu le regard quasi outré de la femme, elle se douta bien que non. « Vous oseriez montré cet exemple devant un groupe aussi nombreux d’enfants ? » C’était donc ça. Fumer, lorsqu’on était adulte, était permis, mais le montré à nos enfants, alors ça, c’était interdit. Rosy ne put s’empêcher de soupirer avant de rétorquer : « Visiblement non. Il serait mal vu de le faire. » Bien entendu, elle le ferait tout de même. Au diable l’exemple ! Elle n’était pas parfaite. De toute manière, personne ne l’était. Elle se trouverait bien quelqu’un qui puisse l’allumer, sa cigarette. Avant d’attendre une réponse, peu désirée pour dire franchement, Rosy poursuivit son chemin. Un peu à l’écart de tout ce brouhaha, elle vu un homme seul, allongé au sol. C’était peut-être sa chance. Elle s’avança alors. Ne voyant aucune réaction, elle le présuma endormi ou du moins songeur. Elle s’accroupit donc près de lu et elle approcha délicatement la main de l’épaule de cet homme allongé dans l’herbe avant d’hésiter quelques secondes. Il n’avait probablement aucune envie qu’on interrompre son sommeil, si celui-ci était endormi. Puis une pulsion l’envahit et elle se laissa porter par elle. Sa main rejoignit alors son épaule « J’interromps certainement de profondes pensées, mais vous n’auriez pas un briquet par hasard ? »

Walk the line.
Ethan était couché là, comme un SDF. Son mal de tête s’était amplifié malgré le fait qu’il ait prit deux aspirines. C’était peut-être la faute à la deuxième. Il avait l’impression d’avoir des nains dans sa tête qui pelletaient à la recherche d’or. Ça lui faisait un de ce mal de chien. Tout compte fait, il n’aurait pas dû boire la veille. Pas autant en tout cas et il n’aurait pas dû mélanger trop d’alcool. En temps normal il supportait, mais là, il ne savait pas ce qu’il avait. Et ce n’était pas tout. Le pompon était qu’il entendait toujours ces satanés gosses crier, pleurer plus loin dans le parc. Il avait une de ces envies de se lever et leur foutre une gifle à tous, que ce soit aux gamins et aux parents. Le jeune homme soupira. Il ne pouvait le faire, il était tout de même dans un endroit publique, ils avaient tout à fait d’être là et jouer à leur guise. C’était plutôt lui qui devrait partir. N’arrivent même plus à réfléchir correctement, il s’assit et s’alluma  une cigarette. Il était tout à fait conscient que c’était psychologique, mais il avait l’impression qu’avec ça, son mal de tête diminuait, pour repartir de plus beaux justes après. Il prit le peu de cheveux qu’il avait entre ses mains. Il espérait que son état allait vite s’améliorer. Il n’avait plus l’habitude d’être mal. Sa cigarette finie, il l’écrasa dans l’herbe et alla la mettre dans une poubelle qui était à 1 mètre de lui. Le jeune homme ne faisait pas forcément attention à l’environnement, il s’en contrebalançait, mais quand il y avait une poubelle à proximité il l’utilisait. C’était la moindre des choses. Sa cigarette se trouvant au milieu d’un tas d’autres détritus, il retourna s’assoir ou il était avant, juste devant le lac. Il le contempla un petit instant. À cause de l’heure matinale et de la position du soleil, il pouvait voir son ombre réfléchir sur l’eau.

Il enleva sa veste en cuir, ce qui dévoila ses tatouages sur son épaule et à son avant-bras, pour l’utiliser comme cousin et se recoucha. Il croisa ses bras sur son torse et pencha légèrement la tête sur le côté. Tout pleins de pensées, de souvenirs s’infiltrèrent dans sa tête, qui continuait à battre comme pas possible. Le jeune homme profita pendant un instant du silence, mis à part des enfants, qui régnait dans le parc et la douce fraîcheur de l’air qui caressait sa peau. Il n’entendit pas du tout qu’une personne s’approchait de lui car il était en train de sombrer. Son corps avait décidé de lâcher prise et était en train de tomber dans les bras de Morphée. Mais Ethan remonta très vite à la surface. Il ne comprit pas de suite, mais il réalisa qu’il y avait quelqu’un à côté de lui qui lui donnait des tapes sur l’épaule et n’entendit pas ce qu’elle lui avait dit. Il s’assit en se frottant les yeux sous ses lunettes, se gratta la tête et regarda la jeune fille. La seule pensée qu’il eut à ce moment-là ce fut qu’il espérait que ce n’était pas une de ses conquêtes d’un soir. Il n’aimait pas les revoir et il avait eu le malheur de retomber sur une il y a de ça quelques nuits. Il la regarda à travers ses lunettes. Non. Ce n’était pas une d’entre-elles.  Il scruta son habillement, qui c’est qui sortait encore avec ses chapeau ? Il en déduisit qu’elle devait sortir de l’église, étant donné que c’était dimanche. « Oui ? Désolé je n’ai pas entendu votre question ». Il fit une petite grimace. Son mal de tête n’avait pas eu le temps de partir et il était tout pâle. Il prit son paquet de cigarette de sa poche et en sortit une, qu’il amena directement à sa bouche et qu’il alluma. Contemplant de nouveau la jeune fille, qui l’intriguait, fallait l’avouer, il remarqua qu’elle tenait une cigarette à la main. C’était peut-être ça la question, pensa-t-il. « Attendez, je vous l’allume ». Il désigna sa cigarette. Il se leva, c’était la moindre des choses, épousseta son jeans et s’avança vers la jeune fille, actionna la roulette de son briquet et l’approcha de la jeune fille. Le jeune homme lui souriait.