ɤ STONED IN PARADISE
Dès les premiers rayons du matin, Rosy était déjà hors de sa chambre. Malgré la très dure semaine qu’elle venait de passer, elle se sentait mieux ce jour-là. Alors, sa tante lui avait demandé un petit service : elle l’a chargé d’aller faire les courses pour les repas des trois prochains jours. Bien entendu, Rosy ne se serait pas vu refuser ce petit service que sa tante lui demandait. Après tout, depuis qu’elle avait aménagé chez elle, soit depuis un mois, elle lui avait causé plus de soucis qu’elle ne l’avait aidé. Et puis, la jeune femme ne pouvait se fermer les yeux quant à la gentillesse de la sœur de son père, après que celle-ci ait décidé de l’accueillir sous son toit. C’était donc un service qu’elle lui devait. Tout en enfilant ses gants, Rosy prit l’argent que lui tenait sa tente et partis d’un pas assez lourd. Certes, elle se sentait enfin utile, mais il n’en restait pas moins qu’elle vivait toujours son deuil. Elle s’engagea alors dans la rue, marchant assez lentement, alors qu’elle savait bien que le marché n’était pas à porte d’à côté. Elle aurait certainement dû partir en vélo, cela lui aurait pris bien moins de temps, mais elle se souciait de ne pas salir sa nouvelle robe à laquelle est tenait beaucoup. Cette pensée fit montée une petite pointe de nostalgie en Rosy, se souvenant parfaitement des commentaires désobligeants que sa mère lui lançait quand la fillette avait l’audace de jouer dans la boue alors qu’elle portait ses beaux habits. Une larme glissa alors le long de sa joue, et elle s’efforça de l’essuyer aussitôt. Ses parents ne seraient certains pas aussi fiers qui puissent l’avoir été de la voir dans ce pitoyable état. C’est ce qui la rendait un peu plus fort tous les jours. Du moins, c’est ce qu’elle tentait de se dire…

Elle resta perdue dans ses pensées de longues minutes, trop longtemps malheureusement. Car, lorsqu’elle reprit conscience de son environnement, elle était loin d’être au bon endroit. Elle se retrouvait donc seule, dans un quartier résidentiel qui semblait très peu recommandable, sans savoir comment se sortir de cette galère. Elle ne put s’empêcher de laisser échapper un long soupir. Qu’avait-elle fait pour mériter un sort pareil ? Elle ne put se résoudre à faire demi-tour, elle allait continuer à avancer, elle finirait certainement  par retrouver un repère dans cette ville qui lui semblait de plus en plus inconnu. Elle marcha deux autres pâtés de maison, avant de tourner sur sa droite, en voyant une rue qui semblait plus passante. Malgré tout, le décor de lui ne disait rien et elle commençait à paniquer un peu. Puis, elle aperçut un jeune homme, de l’autre côté de la rue. Il lui sembla familier quelques instants, avant qu’elle ne puisse l’identifié. Oui, elle se souvenait bien de cet homme qu’elle avait rencontré au bar quelques semaines plutôt. Sans réfléchir davantage elle traversa rapidement la rue et s’adressa à l’homme en question. « Oh Wilson, je suis ravie de vous voir ! Je suis vraiment désolée de vous importuner, mais auriez-vous quelques minutes à me consacrer ? » Certes, elle avait besoin d’aide, mais elle n’en restait pas moins polie. Si celui-ci était pressé, elle ne le mettrait pas en retard, bien entendu.