FAMILY IS NOT AN IMPORTANT THING. IT'S EVERYTHING.
Tu viens de sortir de l'usine et tu te sens épuisée. Ton dos te fait souffrir et tes doigts sont douloureux. T'as l'impression d'avoir au moins quarante ans de plus. T'as pas envie de te plaindre. Toi, au moins, t'as un boulot et c'est pas le cas de tout le monde dans ce fichu monde. Tu sais qu'on ne peut pas se plaindre quand il y a des situations pires que la nôtre. Ce serait tout de même mentir que de dire que tu ne rêves jamais à une autre vie. T'aurais aimé faire autre chose, un autre boulot. Pourtant, t'as aucune idée de ce que t'aurais pu faire d'autre. Parfois, tu te complais donc dans cette situation et comme ton père, ta seule ambition est de finir chef de ligne dans l'usine. C'est pas fameux, ça fait pas fantasmer les foules mais ça te ressemble un peu. T'es pas une ambitieuse. Tandis que tu rentres chez toi, tu passes ta tête dans le Hard Rock Café pour voir si tu aperçois une tête connue. En fait, tu cherches le visage de ton frère, Levi, qui bosse ici. Tu sais que lui aussi, rêvait de mieux. Pourtant, tu le trouves toujours chic avec son tablier et tu sais que certaines femmes de Memphis viennent simplement boire un café ici simplement pour ses beaux yeux. Quand tu lui dis des choses comme ça, Levi rougit. Il est toujours mal à l'aise à l'idée de plaire aux femmes. Toi, tu comprends. Il est tout ce qu'une femme peut rêver. Tendre, drôle, intelligent, beau. Mais lui, il complexe. Tu n'arrives pas trop à le suivre, parfois. Quand tu vois son visage derrière le comptoir, tu lances un signe de main discret pour ne pas qu'il se fasse engueuler par son patron. Il sourit discrètement et tu t'installes sur une table au fond du café. Après avoir terminé de servir une cliente, il se dirige vers toi. « Tu finis à quelle heure ? » Il regarde la pendule et soudain, il soupire de soulagement. « Dans cinq minutes. » T'es contente. T'avais bien besoin de lui pour te faire oublier ta longue journée de boulot. « Prépare nous deux cafés et viens me rejoindre, alors. » Tu le regardes faire, un sourire aux lèvres. T'admireras toujours ton frère, quoi qu'il fasse. T'es toujours attendrie quand il est dans les parages. Il calmerait toutes les tempêtes que tu ressens d'un simple regard protecteur. Lorsque plusieurs minutes plus tard il dépose deux cafés sur la table et s'installe près de toi sur la banquette, t'attrapes vivement l'une des tasses pour en boire une longue gorgée. « Je remercie Dieu pour avoir créé le café. » Tu blagues, t'es pas le genre à faire le bénédicité avant de manger. T'es même pas sûre de croire en Dieu. Même si tu dois avouer qu'une telle boisson ne peut être que la création d'un grand homme.